Le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) et le Centre de recherche en langue et culture amazighes (CRLCA) ont clôturé, jeudi, la première édition du Carrefour national du livre amazigh qu’ils ont organisé conjointement du 11 au 14 octobre au campus d’Aboudaou de l’université de Béjaïa, avec des recommandations et l’annonce de création d’une société savante d’onomastique.

Tamazight a été le centre d’intérêt des conférences qui ont traité des thématiques de la traduction, la sauvegarde du patrimoine immatériel, l’écriture féminine, la production romanesque et tamazight comme «élément phare du socle constitutif de la Nation et pivot central d’une triangulation : unité nationale, intégrité territoriale et cohésion sociale».

L’exposition des livres a engagé une trentaine d’exposants, des éditeurs en majorité, mais dont le nombre reste en deçà des ambitions du Carrefour. Les présents ont installé leurs stands dans les allées du campus, allant à la rencontre des étudiants pour tenter, à la fois, de les intéresser en nombre et d’ouvrir des espaces aidant à une meilleure visibilité à l’édition du livre amazigh.

La problématique du lectorat de ce genre de livres se pose toujours, et avec insistance, au vu de la difficulté, observée cette fois-ci aussi, d’accrocher les potentiels lecteurs que sont les contingents d’étudiants. Comme un pas vers ceux-ci, les organisateurs ont fait en sorte de coïncider la manifestation avec la rentrée universitaire, qui, cependant, était encore partielle au campus d’Aboudaou.

Pour aller vers un public large, option est prise pour, d’abord, sortir de l’enceinte de l’université et aller au cœur de la ville avec possibilité d’inclure des localités de la wilaya et, ensuite, de décaler la date de sa tenue à bien plus tard. Ce sont-là deux des recommandations qui sont complétées par l’adoption de l’option d’un comité d’organisation ad hoc, en impliquant d’autres partenaires, dont les institutions officielles.

Pour pérenniser ce Carrefour, il est aussi recommandé d’instaurer une tradition d’acquisition de titres en tamazight auprès des éditeurs exposants au profit des bibliothèques et autres espaces publics de lecture, soit une opération dont on souhaite le pilotage par La Centrale du livre qui doit traduire une meilleure implication de l’Etat dans la promotion du livre amazigh.

C’est aussi un moyen d’accompagner les éditeurs du livre amazigh qui pâtissent, plus que les autres, du manque de lectorat. Pour cette première édition, le caractère amazigh du livre exposé ne tient pas qu’à la langue de production, mais aussi à la culture amazighe qui est également le dénominateur commun des travaux de recherche universitaire et autres ouvrages théoriques produits aussi en arabe et en français, ainsi que des fictions.

«C’est un Carrefour qui va s’investir les années prochaines dans le livre scientifique, c’est sa vocation», nous dit Si El Hachemi Assad, le secrétaire général du HCA.«Le livre amazigh doit être dans le réseau de distribution. Nous allons dégager cette option salutaire, et la coédition c’est la solution qu’on préconise», nous informe-t-il.

Au titre de l’année en cours, le HCA a édité 27 titres, dont certains en coédition. L’occasion de ce Carrefour a permis de présenter le projet de création d’une «encyclopédie algérienne» avec la pleine implication d’une équipe de chercheurs.

«C’est un travail pluridisciplinaire qui va impliquer les départements de l’université de Béjaïa, dont celui d’Histoire créé cette année. L’encyclopédie sera aussi éditée en version ama- zighe. Le premier jalon vient d’être présenté par le professeur Hareche», nous a affirmé Si El Hachemi Assad.

K. Medjdoub

https://www.elwatan.com/edition/culture/cloture-du-carrefour-du-livre-amazigh-a-bejaia-des-recommandations-pour-un-rendez-vous-perenne-16-10-2021?fbclid=IwAR0gHBiOgqoz2HtgILJwzSE3Gum6ed5PFukb8DSV2N3sgwVvqjgdUsBUsbM